Le travail des femmes incarcérées : quels apports pour la théorie du sexage?

2017 
Ce memoire porte sur le travail effectue par les femmes incarcerees. Nous nous interessons a la maniere dont ce travail est organise, donc a la distribution des tâches et au sens de ses divisions. Nous avons adopte une definition extensive du concept de travail, issue des recherches feministes, qui inclus le travail salarie, mais aussi le travail gratuit de soin et d'entretien d'autres etres humains. Nous ajoutons a cette definition le travail criminalise et le travail non-libre. Quelle est la specificite du travail carceral effectue par les detenues au regard des autres formes de travail auxquelles les femmes sont prioritairement affectees? Nous tenterons de repondre a cette question a l'aide des recits de douze femmes qui ont ete incarcerees a la prison Tanguay ou au penitencier de Joliette. Le premier chapitre presente notre problematique qui est construite a partir d'une recension des ecrits traitant dans un premier temps des recherches sur le travail carceral, dont la definition se limite aux emplois salaries dans les centres de detention, portant par ailleurs dans la tres large majorite sur les detenus masculins uniquement. Dans un deuxieme temps, la recension des ecrits aborde le travail des femmes. Les travaux de Juteau et Laurin (1997) sur les religieuses nous sont apparus comme particulierement utiles pour reflechir sur les femmes en prison, en ce qu'ils reprennent la theorie de sexage elaboree par Guillaumin (1992) – laquelle revele un rapport social distinct des rapports de classe et irreductible a ceux-ci – pour questionner une categorie de travailleuses que sont les religieuses qui ne sont ni meres-epouses, ni salariees, mais qui effectuent gratuitement un travail d'entretien d'autres etres humains. La prise en compte du caractere gratuit et illimite du travail des religieuses et l'objet vers lequel il est dirige, l'entretien d'autres etres humains, conduit a soutenir qu'elles sont prises dans une forme particuliere d'appropriation. Notre recherche poursuit donc une reflexion sur le travail de toutes les femmes. Le deuxieme chapitre visite les portraits sociodemographiques et de la criminalisation des femmes detenues au Quebec et au Canada et des participantes a la recherche. Leurs experiences de travail hors detention permettent d'eclairer celui qui est effectue au sein de l'institution carcerale. Le troisieme chapitre s'interesse au travail reel accompli par les detenues au sein des prisons et des penitenciers, soit le travail prescrit et non-prescrit par l'institution, salarie, apportant des benefices non-salariaux et gratuit. Il traite egalement de son organisation et de sa distribution parmi les detenues. Le quatrieme chapitre se penche sur le sens de la division du travail carceral et la maniere dont elle cree des categories qui organisent les detenues comme groupe traverse par des rapports de differentiation, de separation et de hierarchisation. Ce memoire se cloture avec une reflexion sur le travail de resistance et la solidarite dans un contexte de confinement dans l'espace, caracterise par une non-mixite non volontaire basee sur le sexe. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLES DE L’AUTEUR : consubstantialite et co-extensivite des rapports sociaux, division sexuelle du travail, femmes incarcerees, institution carcerale, rapports sociaux de sexe.
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