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Momus Ed. 2

2017 
Traduite pour la premiere fois en francais par Claude Laurens (Les Belles Lettres, 1993) avec une courte preface de Pierre Laurens et par ce geste arrachee a la philologie pour etre rendue a la litterature, la fable politique qu'on va lire dans cette nouvelle issue, remaniee pour adherer a l'edition critique la plus recente du texte latin, est a ranger dans la bibliotheque aux cotes des chefs-d'?uvre de Swift, de Voltaire et de George Orwell. Momus, personnage de la mythologie, mis en scene par Lucien comme le dieu de la critique, devient, entre les mains d'Alberti, qui fait de lui par deux fois une victime injustement persecutee, le premier immoraliste de la litterature moderne. L'exil parmi les hommes aiguise son esprit caustique, le malheur lui enseigne a masquer son caractere, au point que le dieu du franc-parler devient, au rebours de sa nature, le virtuose, mieux : le theoricien de la simulation et de la dissimulation, tel un ingenieux Ulysse egare dans les cours. Mais surtout, a travers les mesaventures qui le ballottent du ciel a la terre, de la societe humaine au parlement de l'univers, il est a chaque instant et partout, comme plus tard le Neveu de Rameau, heros de Diderot, le genie de la provocation, le grain de levain qui demasque les faiblesses et les hypocrisies, desacralise les puissances etablies et oblige a repenser la morale et la politique conventionnelles. Melant systematiquement le rire au serieux (pour dire ce melange, revendique par l'auteur, les Grecs avaient cree le mot spoudogeloion), irrigues continuellement par la veine imaginative, portes par une phrase d'une incroyable agilite, les episodes se succedent dans un rythme effrene, alternant paradoxes urticants (l'eloge desopilant de la clochardise), pages d'un comique bouffon et ose autant que profond (la conception de Renommee, nee du viol de Louange par le dieu de la critique transforme en lierre) et inventions poetiques (les v?ux des hommes qui s'accumulant finissent par encombrer le sejour divin, une fantaisie qui seduira l'Arioste). Architecte, peintre (et auteur des deux premiers traites modernes d'architecture et de peinture), ingenieur, humaniste, moraliste, ecrivain, Alberti (1404-1472) fut, avant Leonard de Vinci, le premier exemple de l'homme « universel », genial et inclassable.
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