Étude de la tolérance cutanée des topiques à base de perméthrine et de benzoate de benzyle chez le nourrisson et le jeune enfant

Introduction Le benzoate de benzyle a 10 % (BB10) et la permethrine a 5 % (PER5) sont efficaces dans le traitement de la gale. Les donnees de tolerance disponibles se limitent aux effets constates lors de visites de suivi. S’agissant de traitements appliques sur la peau, notre objectif etait de comparer leur acceptabilite chez le nourrisson et le jeune enfant en utilisant une echelle validee de douleur. Materiel et methodes Une etude prospective monocentrique a ete menee en consultation de dermatologie pediatrique de janvier 2014 a mai 2015, incluant les enfants âges de 3 ans au plus, consecutivement admis pour traitement d’une gale par BB10 ou PER5. Le choix du traitement etait fait par les praticiens de l’unite en fonction de leurs habitudes de prescription, independamment de l’etendue des lesions et les produits etaient appliques sur place par une puericultrice. Une fiche standardisee incluait l’evaluation de la douleur selon l’echelle OPS simplifiee (Objective Pain Scale) juste avant, pendant et apres le soin. L’OPS utilisee comprenait 3 criteres, pleurs, mouvements et comportements, donnant un score de 0 a 6. La comparaison des moyennes observees dans chaque groupe etait faite. Resultats Au total, 124 enfants etaient inclus (âge moyen 13,2 mois, sex-ratio 1,03, extremes 1–36 mois), 70 recevaient le BB10 et 54 la PER5. L’âge moyen etait de 14,7 dans le groupe BB10 et de 11,3 dans le groupe PER5. Le score OPS moyen pendant le soin etait de 0,54 dans le groupe PER5 et de 4,74 dans le groupe BB10. En outre, les criteres « pleurs inconsolables » et « agitation intense » pendant le soin etaient atteints dans, respectivement 80 % et 49 % des cas dans le groupe BB10 et dans respectivement 6 % et 0 % des cas du groupe PER5 ( p p Discussion La PER5 et le BB10 sont les traitements locaux les plus utilises dans monde pour traiter la gale de l’adulte et de l’enfant. Les applications etant realisees a domicile par les familles, le prescripteur a habituellement peu de notions de l’acceptabilite de ces topiques, notamment chez les plus jeunes enfants. Notre etude montre que l’application de BB10 est associee a une augmentation significative du score de douleur, bien superieure a celle observee avec la PER5, probablement liee en partie a l’excipient alcoolique present en grande quantite dans le BB10, inadapte a une peau lesee d’enfant. Les resultats etant tout aussi significatifs avant 1 an ou apres 2 ans, l’âge moyen, sensiblement different dans les 2 groupes, ne represente pas ici un biais pour interpreter les resultats. Conclusion La tolerance des traitements locaux, utilises notamment chez le jeune enfant, doit integrer la notion d’ « acceptabilite », voire de douleur lors des applications.