Architecture des services d’urgence: Recommandations de la Société Francophone de Médecine d’Urgence

2005 
Resume Le projet de (re)construction d’un service d’urgence (SU) se realise pour l’essentiel au moment du « programme » avant le concours d’architecte. Les modifications ulterieures ne peuvent etre que secondaires. Ce programme part d’un projet de service reflechi, discute (medecins, soignants, direction), et redige. Le projet de (re)construction tient compte, d’abord, d’une analyse detaillee des besoins, et ensuite de la comparaison de l’existant avec des donnees exterieures (bibliographie, visites d’autres services). Un groupe de professionnels hospitaliers, comprenant les membres du service, participe au projet en amont, lors de la redaction du programme, au cours de la redaction des avant-projets qui sont valides a chaque etape et pendant le suivi, y compris a certaines phases du chantier. Les grands principes ou concepts de la (re)construction doivent etre formalises tres tot et concernent : - Sa situation . - Le SU est fleche, visible et accessible de la porte principale de l’hopital par un circuit dedie. Son entree est distincte de celle des services medicaux de l’hopital. Il est situe sur un meme niveau et de plein pied. Les liaisons fortes du SU sont identifiees avant sa conception. Il est implante a proximite de la radio, du bloc operatoire et si possible a proximite de la reanimation et des laboratoires. - Les circulations . - Le SU n’est traverse par aucun flux etranger a son activite. Les circulations des patients et des accompagnants ne traversent pas les zones de soins. Les portes sont motorisees dans les circulations principales utilisees par les brancards. La surface de circulation doit etre calculee de facon specifique et comprises dans les surfaces utiles. - La sectorisation . - Un SU est reparti en zones fonctionnelles : zone d’accueil, zone de soins, zone technique, zone de service, unite d’hospitalisation de courte duree (UHCD). L’architecture tient compte de la gestion des flux. Selon l’importance de ces flux, la zone de soins peut etre divisee en zones secondaires, plutot qu’organisee en une seule vaste zone. Dans ce cas, l’architecture, l’organisation, l’equipement de chaque zone secondaire permettent de garder un caractere polyvalent, adaptable a l’evolution des besoins. Les malades sont orientes dans ces zones en fonction de leur pathologie et de leur gravite. La division en zones secondaires ne fait pas l’objet d’un consensus. La sectorisation peut etre faite en un circuit leger et un circuit lourd. Le circuit leger (ou ambulatoire) est destine aux malades consommant peu de temps medical ou paramedical, de ressources et permet un examen rapide. Le circuit lourd correspond aux malades, habituellement couches en brancard, consommant beaucoup de temps et de ressources. La sectorisation peut etre faite aussi en un circuit de traumatologie legere et un circuit non traumatologique. La separation en secteur medecine/chirurgie n’est pas adaptee a la medecine d’urgence. - La polyvalence des zones . - La polyvalence, la flexibilite et l’adaptabilite est un objectif majeur du fait de l’evolution rapide de l’environnement. La standardisation et l’uniformite des pieces d’examens facilitent l’ergonomie et la prise en charge des malades. - La securite . - La securite est envisagee des le projet. Elle repose sur plusieurs dispositions qui sont rassemblees dans un « plan securite ». L’acces a la zone de soins est reserve aux personnes autorisees : malades, accompagnants, personnels, grâce a des portes a ouvertures commandees. - La surveillance et la confidentialite . - Il s’agit parfois d’objectifs contradictoires. L’agencement des locaux doit permettre une surveillance efficace des patients en meme temps que la protection (visuelle, acoustique) de leur intimite et de la confidentialite. La separation par des rideaux, des paravents, des parois incompletes ou des portes non hermetiques ne permet pas une intimite suffisante ; elles peuvent neanmoins etre utilisees dans les zones de surveillance intensive comme les salles d’accueil des urgences vitales (SAUV). - L’attente des familles et des patients . - Le principe des services d’urgences est la prise en charge immediate des malades. Le dimensionnement des urgences doit donc permettre l’admission directe des malades en zone de soin. Neanmoins, les familles et les malades apres le triage et dans certaines conditions peuvent devoir attendre. En plus de la salle d’attente des familles a l’exterieur, il y a des salles d’attentes interieures : dans le secteur leger, dans le secteur pediatrique ou une attente specifique est indispensable, dans le secteur de radiologie… Les attentes ne doivent pas etre organisees dans les couloirs. - L’informatique et les technologies nouvelles . - Le developpement des technologies nouvelles en particulier informatique est prevu avant la construction. - Le stockage . - Le stockage principal est situe en peripherie du SU et evite la penetration des livreurs (exterieurs ou hospitaliers) dans le service. Il n’y a pas de stockage terminal, c’est-a-dire dans les salles de soins. Il est remplace par des chariots de soins equipes. Des donnees techniques specifiques aux SU sont precisees : - Les normes de surfaces ne peuvent s’appuyer sur aucune donnees objectives et n’ont donc pas ete fixees ; elles necessitent une adaptation specifique aux besoins et aux contextes locaux. - L’eclairage : l’eclairage en lumiere naturelle est favorise autant que possible. - La signaletique : le flechage est facilement visible, si possible, depuis la ville. - L’ambiance : les materiaux (couleur, acoustique, lumiere, aspect…) sont choisis pour creer une ambiance susceptible de reduire l’anxiete. - L’hygiene : l’organisation architecturale peut limiter ou faciliter le risque infectieux et la transmission croisee des infections ; elle implique au moins trois moyens : l’organisation du lavage et de la desinfection des mains, des salles d’examen pour un seul malade, et, eventuellement, l’existence d’une chambre d’isolement. - Le traitement des surfaces : les materiaux sont choisis pour un usage intensif et un trafic eleve. Ils sont solides et durables. - Le controle de la temperature est assure dans toutes les circonstances par des dispositifs multiples : protection solaire (stores, film sur les fenetres), chauffage ou rafraichissement d’air. La zone d’accueil Tous les malades se presentant au SU sont accueillis dans une meme zone d’accueil et d’orientation. L’entree des malades arrivant a pied est separee, jusqu’a l’infirmier(e) organisateur de l’accueil (IOA), de ceux arrivant en SMUR, ambulance ou accompagnes des pompiers. Cette zone permet a l’infirmiere ou au medecin d’accueil, avant l’enregistrement administratif, d’examiner rapidement les malades et d’orienter simultanement plusieurs malades debout ou couches, si possible par des circuits specifiques, vers la zone de soin qui leur correspond. La zone de soin Les salles d’examen et de soins d’un meme secteur sont regroupees autour d’un poste central de soin destines a la gestion medicale et infirmiere des malades dans une ambiance calme. Chaque salle de soin comporte une paillasse seche et humide, un espace informatique, et suffisamment de place pour accueillir si necessaire la famille. Les salles d’examen ambulatoire ne doivent pas etre trop specifiques et doivent pouvoir accueillir des malades couches, lors d’un afflux massif de malades. Des zones specifiques, en particulier pediatriques et psychiatriques, peuvent permettre la prise en charge dans le calme de ces malades. Des locaux dedies a une consultation sans rendez-vous ou a une maison medicale sont distincts des locaux des urgences. La zone technique Les salles de radiologie conventionnelle sont contigues au service des urgences, soit a l’interieur du service de radiologie, soit a l’interieur du service des urgences. Il en est de meme pour les salles d’echographie et le scanner. Lorsque le laboratoire est eloigne du service des urgences, les prelevements sont achemines par un moyen rapide, fiable et automatique (pneumatique…). Il n’est pas justifie de prevoir un bloc operatoire dans les locaux des urgences. La zone de service Un nombre suffisant de bureaux pour les medecins permanents et les cadres permettent de travailler dans une zone calme, proche du secretariat. Une salle de reunion suffisamment vaste est indispensable pour l’enseignement, les reunions du service et sert de centre de crise en cas de plan blanc.
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