Lupus érythémateux disséminé et chikungunya : interactions au cours de l’épidémie de 2014 en Martinique
2015
Introduction Il n’y a pas de donnees dans la litterature sur les interactions entre chikungunya (chik) et lupus erythemateux dissemine (LED). Beaucoup d’infections sont susceptibles de provoquer des poussees de LED, mais ceci a peu ete etudie dans la litterature. La Martinique a connu pour la premiere fois une epidemie de chik au cours de l’annee 2014 qui a ete l’occasion d’etudier la relation entre le LED et cette infection virale. Patients et methodes L’objectif principal etait de decrire chez des patients lupiques l’evolution d’une infection par le chik. Nous avons egalement cherche a savoir : – si le chik pouvait modifier l’activite du LED ; – le role des traitements du LED, en particulier les medicaments immunosuppresseurs, sur l’evolution du chik. Nous avons realise une etude principalement prospective mais incluant aussi quelques patients retrospectivement, monocentrique, evaluant de facon systematique tous les patients atteints de LED (repondants aux criteres de l’ACR de 1997), vus dans l’unite de medecine interne et de rhumatologie du centre hospitalier universitaire, entre janvier 2014 et septembre 2015, relevant de : – l’activite du LED ; – la presence de signes compatibles avec un episode de chik. Une serologie virale systematique a ete prescrite pour tous les patients lors de leur suivi biologique habituel. Un chik grave etait considere en presence d’une encephalopathie, d’une myocardite ou d’une defaillance multiviscerale. Resultats Deux cent cinquante-deux patients etaient preleves pour la realisation d’une serologie chik, avec 140 resultats recueillis en septembre 2015. Soixante-huit etaient inclus avec une serologie positive pour le chik (femmes : 65 ; hommes : 3). Leurs caracteristiques etaient : âge au moment de la serologie (48,0 ans, extremes : 23–81), l’anciennete du diagnostic de LED au diagnostic de chik (12,3 ans ; n = 65), une atteinte renale (47,0 % ; n = 68), le traitement par des medicaments immunosuppresseurs (31,8 % ; n = 66), de l’hydroxychloroquine ou de la chloroquine (83,3 % ; n = 66), de la prednisone (63,6 %, 2 manquants), ou du rituximab ( n = 3). Des signes cliniques compatibles avec un episode de chik etaient retrouves chez 82,7 % (16 manquants) des patients ayant une serologie positive. Quatre patients presentaient des signes graves de chik (5,9 %), tous ayant moins de 55 ans. Ils avaient une encephalopathie ( n = 4), des lesions cutanees bulleuses ( n = 3), une atteinte renale ( n = 2) et un seul etait sous immunosuppresseur (mycophenolate). Une de ces 4 patientes, dialysee sous faible dose de corticoides, decedait dans un contexte de syndrome de fuite capillaire systemique et d’une defaillance multiviscerale. Sur 52 patients ayant fait un chik (11,5 %) six ont decrit une poussee de lupus, tous apres un episode de chik symptomatique : 5/6 etaient sous prednisone, 5/6 sous hydroxychloroquine et 3/6 sous traitement immunosuppresseur. Conclusion Le LED devrait etre considere comme un facteur de risque de chik grave, au meme titre que les nourrissons ou les personnes âgees. Le chik peut provoquer une poussee du LED chez un patient sur 10. Les immunosuppresseurs ne semblent pas influencer le tableau clinique de chik et ne doivent a notre sens pas etre arretes lors d’un episode.
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