"La belle captive dans les Contes de l'enfance et du foyer des frères Grimm"

2013 
Les femmes occupent une place non negligeable dans Les Contes de Grimm, depuis la petite fille jusqu'a la sorciere, en passant par la belle-mere et l'epouse. En fait, il s'agit de types, ce qui permet de reperer d'autant plus facilement les cliches qui les sous-tendent. On s'apercoit donc que les contes diabolisent le pouvoir au feminin, surtout au travers de la figure monstrueuse de la sorciere, presentee comme une ogresse mangeuse d'enfants. Ainsi se trouve disqualifiee la femme âgee, solitaire, qui, ne pouvant plus donner la vie, echappe a la sphere d'influence masculine, d'autant plus qu'elle dispose, grâce a son experience et a sa sagesse, d'un savoir ancestral, ravale dans les recits au rang de pratique malefique. Le seul savoir que les contes permettent a la femme se rattache aux activites menageres: coudre, filer, faire le menage. Leur ideal feminin se resume a la belle captive, qu'elle soit enfermee dans un cercueil de verre, une tour ou un château enchante..., autant d'allegories de l'assujettissement au foyer. Ils s'efforcent de rendre un tel statut attractif, en le decrivant comme le seul moyen pour la jeune fille d'acceder au bonheur supreme, qui ne peut se concevoir de nulle autre maniere que dans le mariage avec le prince charmant. Pour cela, il faut etre belle, mais aussi docile, obeissante et dependante, pour pouvoir satisfaire a un modele du couple s'articulant selon un schema dominant/dominee. Les Contes de Grimm delivrent donc une image misogyne et conformiste de la femme, et se revelent ainsi, grâce a leur popularite, un remarquable instrument de conditionnement psychologique de leur public feminin, comme en temoigne la feministe Svende Merian dans son celebre roman Der Tod des Marchenprinzen.
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