Le rapport au corps des mineurs non accompagnés tient une place centrale dans l’expression de leur mal-être en lien avec le récit de leurs épreuves et de leur parcours. Ces manifestations ont été plus spécifiquement étudiées dans une population qui est majoritairement masculine. Actuellement, de plus en plus de jeunes filles sont reçues dans le cadre des suivis des mineurs non accompagnés, nous amenant à accéder à leur histoire en passant par un corps écran de leurs émotions, de leur douleur, leur plainte et leur relation aux autres. Nous nous proposons de présenter un cas clinique qui nous a permis d’établir une réflexion et d’envisager une prise en charge élaborée autour de la place du corps féminin dans les soins psychiques.
Un grand nombre de mineurs non accompagnés consultant à la Maison des adolescents d’Avicenne expriment des plaintes somatiques motivant une consultation en médecine des adolescents. Cette consultation permet une approche globale de leurs besoins de santé bien réels et souvent multiples. Elle propose des dépistages adaptés et est l’occasion d’actions de prévention. Elle propose également à ces jeunes patients un examen médical à la fois systématique et orienté, qui recherche une explication somatique aux symptômes rapportés, mais qui peut être aussi l’occasion de diagnostiquer des problématiques de santé laissées sous silence. Elle peut enfin être une première étape aidant certains de ces patients à faire progressivement le lien entre leurs ressentis, leurs craintes et leurs possibles traumatismes passés. Cependant, bien que cette consultation semble justement indiquée, elle ne permet pas toujours de remplir pleinement ses objectifs, se confrontant notamment aux difficultés de la discontinuité, dans un parcours de soins où ces mineurs, faute d’orientation ou de soutien adaptés, se perdent souvent.